
Une situation exceptionnelle
Depuis 2021, Genève est confrontée à une très forte augmentation de la consommation de crack. Le crack est de la cocaïne fumée dont l’effet est ainsi rendu plus intense. Il s’agit donc d’un excitant qui, lorsqu’il est consommé de manière soutenue, perturbe durablement le sommeil, ainsi que l’hydratation et la nutrition. Cette consommation pouvant être très compulsive, elle s’accompagne d’impacts importants sur la santé des personnes qui se dégrade très rapidement. En plus de la privation de sommeil, la prise d’un produit stimulant augmente l’irritabilité et les phénomènes de violences.
Une fermeture exceptionnelle
L’association Première ligne a toujours été présente pour accompagner au quotidien les personnes usagères de drogues. Malheureusement, suite à des cas de violences répétées entre usager.e.s et envers le personnel, nous avons dû prendre la lourde décision de fermer le Quai 9, espace d’accueil et de consommation à moindres risques, pendant une semaine. Cette fermeture a également concerné la bagagerie, lieu d’accueil avec possibilité de déposer ses affaires dans des casiers, et le SleepIn, hébergement d’urgence avec possibilité de consommation. Ce temps a servi à toutes les équipes de Première ligne d’échanger ensemble sur la question de la gestion de la consommation de crack, la thématique de la violence, l’accueil universel et ses limites, et de discuter de la forme que prendrait la réouverture pour qu’elle convienne à tou.te.s. Une fermeture est une situation déstabilisante pour la plupart des personnes que nous accueillons et nous ne voulions surtout pas nous retrouver dans une situation similaire quelques temps après la réouverture.
Pendant ce temps de réflexion nous avons eu à cœur de rencontrer les personnes qui utilisent nos infrastructures afin de les consulter sur les différentes mesures envisageables.
Nous avons également beaucoup échangé avec le poste de police de Cornavin, afin de trouver des solutions cohérentes, pour répondre à la fois aux enjeux de santé et de sécurité.
Nous avons pris la décision de continuer à proposer de l’échange de matériel à la fenêtre et de continuer une partie des emplois que nous fournissons aux usager.e.s. Particulièrement les tournées de ramassages de matériel et détritus de consommation qui auraient été laissés dans la rue.
Nos pistes de solution
A la suite de nos réflexions, à la fois avec les équipes de terrain, le comité, les usager.ères, la police et le département de la santé nous explorons les pistes suivantes :
Nous avons élaboré une charte que nous faisons désormais signer à chaque personne qui souhaite entrer dans le Quai 9 où nous avons posé un cadre au niveau de ce que nous tolérons ou non comme comportement au sein de nos locaux.
La consommation de crack n’est plus tolérée dans les locaux du Quai 9 jusqu’en septembre. Les personnes consommatrices ont toujours accès à nos autres dispositifs mais le constat était que la salle d’inhalation n’était pas adaptée à leurs besoins. La plupart des personnes consomment plusieurs substances, ce qui signifie qu’elles continuent à être accueillies pour ces consommations ainsi que pour les autres prestations (matériel, médecin, etc.)
Nous avons renforcé notre présence en journée aux abords du Quai 9 afin de pouvoir être en contact avec les personnes qui consomment dans ce périmètre et leur apporter des boissons et de la nourriture.
Nous travaillons en étroite collaboration avec la DGS afin de construire un vaste plan d’action pour mieux maîtriser cette situation. Les pistes actuellement explorées incluent l’augmentation des places de logement, la mise en place d’un lieu et d’une équipe dédiée au crack, le renforcement des tournées de rues et les aménagements extérieurs.
Nous tenons à remercier le personnel, les usager.e.s ainsi que toutes les personnes qui nous accompagnent dans nos réflexions et qui continuent à nous soutenir dans notre mission.